Après la collecte de déchets avec des chevaux et un tour d’horizon de l’écopâturage en Loire-Atlantique, poursuivons sur le thème de la (ré)introduction de la nature en ville avec deux exemples de fermes urbaines.
Fermes urbaines : sous nos pieds ou sur nos têtes
A Paris, dans le 18e arrondissement, la startup Cycloponics a investi un ancien parking souterrain. La société y exploite 3500 m² de cultures « underground ». Dans les anciens boxes de voitures poussent des champignons, dans une autre partie du parking reconverti, poussent des endives ; le tout dans le noir absolu. Ailleurs, sous des lampes à ultraviolet, des petits plants d’endives voient le jour, avant de poursuivre leur croissance dans l’obscurité. La société n’en est pas à son coup d’essai. À Strasbourg, Cycloponics a investi un ancien bunker : le lieu, avec sa faible luminosité et son humidité ambiante, présente les conditions idéales pour ces cultures souterraines.
Les fermes urbaines poussent également au-dessus du sol, voir au plus près du ciel … « Sous les fraises », c’est le nom de cette exploitation agricole particulière qui s’est installée sur les toits des Galeries Lafayette à Paris en 2015. La ferme produit du houblon, des mûres, du cassis, des fraises, des framboises, des baies de Goji, des fleurs comestibles et une cinquantaine de variétés de tomates. La production n’a rien d’anecdotique : à titre d’exemple, 5 tonnes de tomates, 1 tonne de framboises, 500 kg de houblon sont descendus des toits cette année.
Et l’intérêt de tout ça ?
L’image de « trucs à bobo » colle un peu à ces projets novateurs. Un petit détour par l’histoire montre qu’il s’agit plus d’un retour aux sources que d’une invention : en 1875, mille tonnes annuelles de champignon de Paris était produites par 300 producteurs ; au XIXe siècle toujours, des centaines de maraîchers étaient installés dans la capitale, notamment autour du Canal Saint Martin.
Installer des fermes urbaines présente de nombreux avantages. A commencer par les transports, réduits au minimum. Cela permet également aux consommateurs de mieux connaître l’origine des produits, aux citadins de découvrir plantes et techniques culturales, de reconnecter petits et grands avec la nature. Lorsqu’elles sont posées sur les toits, les fermes urbaines régulent l’effet « îlot de chaleur », les plantes limitent la pollution atmosphérique. Par le biais de composteurs, elles permettent de recycler localement la matière organique. Elles favorisent la conservation de la biodiversité urbaine. Si toutes les surfaces disponibles pour de l’agriculture en ville étaient utilisées, on estime que 10 % de l’alimentation mondiale pourrait y être produite. Cela pourrait permettre de transformer des terres agricoles hors des villes en espaces naturels …
Effet social positif, réduction de l’empreinte carbone, préservation de la biodiversité : tout comme l’écopâturage, les fermes urbaines participeront à la ville durable de demain.