Économie collaborative : une histoire ancienne

Depuis une vingtaine d’années, l’économie collaborative se développe dans de nombreux secteurs, au travail comme dans la vie quotidienne. Présenté comme nouveau, ce modèle se rapproche des mouvements des coopératives à l’œuvre depuis … le XIXe siècle ! Transports, informatique, énergie, logement, travail, tous les secteurs semblent désormais concernés par une mise en commun … Tour d’horizon !

Histoire de l’économie collaborative

Au début du XIXe siècle, les ouvriers se regroupent pour avoir accès à l’éducation, à une alimentation moins chère, voire pour créer leur propre emploi. Le mouvement coopératif est lancé, basé sur l’entraide et la mise en commun de biens et de services …

Échange de logement, partage de voitures, d’outils : l’échange de biens est souvent cité comme une nouveauté de l’économie collaborative. Là encore, l’idée n’est pas neuve. En agriculture, les travaux collectifs et la mutualisation d’outils ont toujours existé. Après-guerre, les CUMA (Coopérative d’Utilisation du Matériel Agricole) formaliseront juridiquement ce partage d’outils agricoles.

Énergie, transport, informatique …

En collectant l’épargne citoyenne, les coopératives citoyennes d’énergie visent à participer à la transition énergétique. Ces structures investissent dans des centrales de production d’énergie renouvelable, éolien ou photovoltaïque. Des associations locales, comme Cap Soleil en presqu’île de Guérande, investissent l’épargne collectée pour financer, en local, l’installation de centrales photovoltaïques.

 Transport et économie collaborative : logo de mobicoop, tâches couleur et texte "mobicoop, le covoiturage libre"
Blablacar était gratuit jusqu’en 2011 … Mobicoop, par ses statuts coopératifs, entend préserver cette gratuité

Dans le transport, à côté du célèbre site de covoiturage, émergent d’autres acteurs. Mobicoop renoue avec l’esprit initial du covoiturage. Cette coopérative fonctionne en effet sans commission et est la propriété de ses membres.

Dans le domaine informatique, difficile de ne pas mentionner Linux.

Logo Wikipédia : sphère composée de pièce de puzzle avec lettres et idéogrammes
Un bon exemple d’économie collaborative que l’on utilise tous … son fondateur a toujours tenu à le laisser en accès gratuit …

Ce système d’exploitation (l’équivalent de Windows ou Mac OS) est distribué librement, peut-être modifié et redistribué, sous licence « Copyleft ». Linux reste méconnu du grand public (moins de 3 % des utilisateurs particuliers l’utilisent sur leur ordinateur), mais est utilisé majoritairement sur les systèmes embarqués (box, robots, aérospatial, drones), sur les serveurs et les supercalculteurs, preuve de son efficacité ! De même, si vous utilisez Androïd sur votre smartphone, vous utilisez un logiciel libre !

Logement, jardin, nourriture …

Dans le domaine du logement, l’habitat participatif consiste à se regrouper pour construire à plusieurs son logement. Des espaces mutualisés complètent souvent les logements individuels (buanderie, salle commune …). Cette forme d’habitat collectif permet de s’entraider, d’avoir du matériel en commun (perceuse, tondeuse …).

40 ans d’habitat participatif en Loire-Atlantique : La Bosse (Saint-Nazaire) construit en 1980 et Les P’tits Ensembles (Guérande) construit en 2018.

Initiés par des communes ou des associations, les jardins partagés permettent de cultiver à plusieurs, d’échanger des plants, des techniques, du matériel … Les Incroyables Comestibles, mouvement venu d’Angleterre, vise à cultiver partout en ville des légumes et à les mettre gratuitement à disposition : squares, parcs, bacs à fleurs, tout est bon pour faire pousser de la nourriture !

Si l’économie collaborative se développe depuis quelques années, elle puise ses sources dans des mouvements coopératifs historiques. L’habitat participatif trouve ses racines dans le mouvement d’après-guerre des Castors (mouvement d’autoconstruction coopératif) ou dans les expériences collectives post-68. Les jardins partagés renouent avec l’histoire des jardins ouvriers … Ces projets écologiques et conviviaux, répondent en revanche à des problématiques contemporaines. De manière solidaire, ils entendent jouer leur rôle contre l’isolement, la crise climatique, dans l’accès à une nourriture de qualité. Ces expériences interrogent notre rapport à la propriété individuelle, en privilégiant la notion de bien commun.