En 2013, l’association guérandaise An Ti Nevez démarre un travail sur l’habitat en Presqu’île. Partant du constat que certaines familles peinent à se loger, du fait du prix des terrains et de la spéculation immobilière, l’association lance des conférences, des forums pour imaginer d’autres manières d’habiter. L’idée d’un habitat participatif émerge progressivement, idée confortée par la mairie qui réserve un terrain pour ce projet, sur le futur écoquartier de la Maison Neuve.
Partage d’espaces, de matériel … et de services !
Un des objectifs de ce projet d’habitat participatif est de mutualiser des espaces. Si chacune des 9 familles du projet possède son appartement privatif, le groupe dispose d’une salle commune qui permet de se retrouver pour des moments festifs, des ateliers, des réunions. Munie de sa propre cuisine et salle de bain, la salle commune peut recevoir des invités. Buanderie, celliers, atelier, garage à vélo, grenier, jardin sont également partagés. Outils et matériel de jardin sont mis en commun. Cette mutualisation permet des économies lors des achats, lors du renouvellement de matériel … et de limiter l’impact écologique de la production de biens de consommation individuels. L’habitat participatif permet également d’échanger de nombreux services : prêt d’un véhicule, nourrir les animaux lorsqu’on s’absente, aller chercher un enfant à l’école …
Énergétiquement exemplaire
Les bâtiments ont été construits de manière compacte. Cela permet d’économiser l’énergie (moins de surfaces de déperdition de chaleur) mais également de limiter la surface au sol et de préserver les terres agricoles. L’architecture est bioclimatique : larges baies vitrées au sud, petites ouvertures au nord. Conjuguée à une parfaite étanchéité à l’air, cela rend les bâtiments passifs.
Le chauffage de chaque bâtiment, eau chaude comprise est assurée par une petite chaudière gaz. La facture de gaz s’élève à quelques dizaines d’euros par an pour chaque logement. 60 % de l’eau chaude sanitaire est produite par des panneaux solaires. Le restant des toits est dédié à une centrale photovoltaïque coopérative, qui injecte l’électricité produite dans le réseau. A l’année, les bâtiments produiront plus d’énergie qu’ils n’en consommeront.
Éco-construction
Un maximum de matériaux écologiques ont été employés pour la construction. L’ossature, les terrasses et et le bardage sont en pin douglas, naturellement imputrescible. Une laine de bois assure l’isolation des murs, de la ouate de cellulose celle des combles.
Les murs des celliers sont en terre banchée, assurant une inertie thermique favorable à la préservation des denrées alimentaires. Côté finitions, peinture écologique et huile 100 % naturelle pour les parquets ont été retenues. Des enduits décoratifs en terre ont été réalisés par les habitants, dans leurs appartements et dans la salle commune. La terre des murs banchés et des enduits a peu voyagé : elle provient du terrain !
Si la première partie de l’aventure collective s’achève avec la construction, elle démarre pour ce qui est de la vie en commun. Des centaines et des centaines d’heures de réunion ont été nécessaires au montage et au suivi de ce projet d’habitat participatif, avec des hauts et parfois des bas. Pour surmonter les difficultés, assurer une cohésion du groupe, laisser la place à chacun dans les débats, les membres du collectif se sont formés : sociocratie, communication non-violente … Le résultat est à la hauteur de l’investissement de chacun. Le prix, 2500 €/m², a été largement maîtrisé : un bâtiment « conventionnel » coûte sur Guérande entre 3500 € et 3900 €/m². Preuve qu’en combinant intelligence collective et ténacité, il est possible de construire des bâtiments écologiques, très performants énergétiquement et économiques.