Péniches et bateaux à voile : le retour ?

Le transport de marchandise reste très consommateur d’énergie et fortement émetteur de gaz à effet de serre. Alors que d’autres secteurs (logement, industrie …) diminuent leur consommation, le secteur du transport a augmenté ses rejets de gaz à effet de serre de 26 % entre 1990 et 2005.  Les avancées technologiques sur les bateaux à voile ou les nouvelles solutions « intermodales » fluviales constituent-elles une partie de la solution ?

Des camions sur les bateaux …

Lancé depuis un an, le projet flexiloire, permet d’acheminer de gros éléments industriels (pièces d’avion, moteur Man) entre Nantes et Saint-Nazaire. Les camions, et les pièces qu’ils transportent, embarquent sur la barge qui effectue les navettes. A terme, 4000 camions pourraient être reportés de l’axe routier Saint-Nazaire/Nantes vers le fleuve.

Graphique comparant l'efficacité énergétique des bâteaux comparativement au transport routier et au train
Le transport fluvial est aussi économe en énergie que le train

Rappelons qu’à charge de transport équivalent, le transport fluvial consomme 2 à 3 fois moins d’énergie que le transport routier. Certaines barges peuvent transporter l’équivalent de 100 camions.

La Compagnie Fluviale des Transports travaille quant à elle sur un concept novateur afin d’acheminer les marchandises en cœur de ville. Le bateau, équipé de deux ponts, transportera 30 à 60 véhicules électriques. Ces derniers sont déposés au plus près de leur lieu de livraison, sans passer par de lourdes infrastructures portuaires. Le bateau dispose en effet de ses propres rampes motorisées et d’ascenseurs pour décharger les véhicules de manière autonome.

Le retour des bateaux à voile

Les clippers anglais dominaient le transport de marchandises grâce à leur vitesse, du XIXe siècle jusqu’au début du XXe siècle. Ces navires, de trois mâts ou plus, atteignaient des vitesses de 9 nœuds avec des pointes à 19 nœuds. Le record de vitesse du Champion of the Seas, en 1854 ne sera battu que 150 ans plus tard par un catamaran … qui ne transportait pas de marchandises ! Preuve que le transport à voile peut être rapide … même s’il faut relativiser ces vitesses : un porte-conteneurs actuel vogue à une vitesse moyenne de 25 nœuds.

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Clipper : bateau fin et léger, capable d’atteindre des vitesses élevées – Crédit photo : Monique Allard Jobé – https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Royal_Clipper_IV.jpg

Puisant aux sources de ces lointains ancêtres, la société Neoline envisage une liaison régulière par « propulsion vélique » entre Saint-Nazaire et l’Amérique du nord. La société a déjà signé avec Renault et prévoit ses premières traversées l’an prochain. Sa voilure de près de 4000 m² devrait lui permettre d’atteindre une vitesse moyenne de 11 nœuds.

Depuis 2011, la société Towt transporte des marchandises « à voile ». A l’heure actuelle, l’entreprise affrète quatre voiliers et transporte des denrées, principalement périssables (thé, café, rhum,chocolat,  cognac …) via des traversées de la Manche ou de l’Atlantique. Towt travaille actuellement sur un projet de voilier de 136 mètres de long, capable d’emporter 1100 tonnes à une vitesse de 12 nœuds.

Ces expériences et projets restent marginales face au transport traditionnel par camions ou porte-conteneurs et représentent de faible volumes transportés . Cependant, sous l’effet des réglementations à venir, d’une meilleure prise en compte des impacts environnementaux ou de hausses des cours du pétrole, ces démarches novatrices esquissent peut-être les solutions de demain.