L’artificialisation des terres agricoles et le rachat de terres pour l’agrandissement des fermes existantes compliquent l’installation de nouveaux agriculteurs. Pourtant, citoyens, associations, municipalités se mobilisent pour installer des paysans. Tour d’horizon de ces initiatives solidaires pour faire vivre une agriculture saine et locale !
Solidarité locale !
En 2017, une partie des terres que loue la ferme du Bois de Boulle, est à vendre. Les propriétaires veulent céder 55 des 110 hectares de cette ferme de La Turballe (Loire-Atlantique). Sans ces terres, la ferme, et les cinq personnes qu’elle fait vivre, est menacée. Un appel à financement solidaire est lancée, pour un montant total de 175 000 €. Pari gagné ! En quelques mois, la mobilisation locale permet de récolter les fonds et de sauver cette ferme et ses emplois. Une centaine de citoyens a investi dans des parts de la SCI qui a racheté les terres et les met à disposition de la ferme. Un bel exemple de souscription solidaire qui a permis à une activité locale et écologique (une partie de la production de la ferme est en agriculture biologique) de se poursuivre. Les SCI (Société Civile Immobilière) ou les GFA (Groupement Foncier Agricole) sont couramment utilisés pour réunir du capital citoyen, financer le rachat de terre … et soutenir l’agriculture locale !
La Foncière Terre de Liens, outil de préservation des terres agricoles
Au début des années 2000, des acteurs associatifs tirent un bilan de l’acquisition collective de terres. Ils constatent que de nombreuses fermes sont financées localement, de manière solidaire, comme dans l’exemple de la Ferme du Bois de Boulle. Émerge l’idée d’une structure juridique qui collecterait de l’épargne citoyenne à l’échelle nationale. L’association Terre de Liens est née ! Une quinzaines d’années plus tard, l’association devenue Foncière Terre de Liens s’est considérablement développée. Elle a collecté 76 millions d’euros, apportés par 15 000 épargnants. Cet argent sert à acheter des terres pour y installer des agriculteurs en production biologique. Cette épargne citoyenne a permis d’acquérir 177 fermes et d’installer près de 400 fermiers et fermières !
Même les municipalités s’y mettent !
En Ille-et-Villaine, la commune de Saint-Georges-de-Reintembault a acheté une ferme. Placée sur un bassin versant dont il fallait protéger la qualité de l’eau, la commune a choisi d’installer un couple de maraîcher en production biologique. Terres agricoles et bâtiments sont loués, ce qui a permis aux maraîchers de limiter l’investissement lié à leur installation.
A Langouët, également en Ille-et-Villaine, la commune a lancé en 2018, un emprunt solidaire pour financer une ferme en permaculture. Ce projet pédagogique vise à présenter des solutions simples et abordables pour produire une alimentation saine, pour gérer les déchets, préserver la ressource en eau … Les 25 000 euros nécessaires au projet ont été réunis. Ce prêt participatif profite d’une petite rémunération de 1,8 %/an.
Ces expériences restent très insuffisantes pour enrayer la baisse du nombre d’exploitations agricoles. Trop de terres agricoles partent encore à l’agrandissement des exploitations, au détriment de nouvelles installations créatrices d’emplois. Ces initiatives permettent cependant de créer du lien entre citoyens lambda et monde agricole, de tisser des solidarités nouvelles. Elles interrogent la question de la propriété et de l’accès à la terre en envisageant des solutions originales, en rendant citoyens et collectivités acteurs d’une transition vers une production agricole plus durable.