Trame verte et bleue, source de biodiversité

La perte de biodiversité occupe depuis quelque temps une place médiatique importante. La trame verte et bleue constitue un levier d’action important pour préserver et restaurer une biodiversité largement érodée.

Définition, cadre juridique

Exemple de trame verte et bleue : haies, cours d’eau, bosquets entre des massifs forestiers

La trame verte et bleue est constituée de corridors écologiques (appelés aussi continuités écologiques) qui, ensemble, doivent former un maillage sur le territoire national. La trame verte correspond aux milieux naturels terrestres : forêts, prairies naturelles, haies, bosquets … Fleuves, rivières, marais, mares, estuaires forment la trame bleue. L’urbanisation (routes, voies ferrées …) et le remembrement ont affecté la continuité de ces trames en impactant profondément la biodiversité : les espèces ne peuvent plus circuler, rejoindre leur aire de reproduction, n’ont plus suffisamment d’espace vital.

Vues aériennes d'un paysage bocager et d'un paysage où les haies ont été arrachées (remembrement). La trame verte et bleue est rompue dans ce dernier cas.
Exemple d’un paysage avant et après remembrement. L’arrachage des haies fait doublement chuter la population de microfaune et de macrofaune : leur habitat disparaît en grande partie et, faute d’espace abrité, elles ne peuvent plus circuler d’un milieu naturel résiduel à l’autre. Crédit photo droite : Rodw

Les corridors écologiques peuvent être créés ou reconstitués en milieu urbanisé. À Guérande, l’écoquartier de la Maisonneuve, les bassins d’orage ont été réalisés de manière linéaire et constituent les « trames bleues ». Des haies serpentent également dans le quartier et forme la trame verte, reliée à la campagne environnante. L’objectif de cette trame verte et bleue est de constituer un réseau dense d’espaces naturels dans lequel les espèces pourront se déplacer, se reproduire, se reposer. Politique publique mise en place suite au Grenelle de l’environnement, la trame verte et bleue est obligatoirement prise en compte dans les projets d’aménagement. D’aucuns pointent le fait que les grands projets d’aménagement contournent l’obligation de continuité écologique puisque relevant d’autres règles juridiques : utilité publique, études d’impacts ciblées sur le projet mais n’incluant pas une vision plus globale …

Vue aérienne d'un passage à gibier recouvert de végétation, vue d'un petit passage souterrain pour les petits animaux. L'un comme l'autre participe de la trame verte et bleue
Exemples de passages à animaux : de l’impressionnant passage à gibier au-dessus d’une autoroute au simple passage à amphibiens … moins clinquant, ce dernier assure dans certains cas une baisse de 90 % de la mortalité chez crapauds et autres tritons ! Crédit photos (recadrées) : (gauche) : Benjamin P. Y-H. Lee – https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Wildlife_overpass_in_Singapore.jpeg?uselang=fr (droite) : F Lamiot – https://commons.wikimedia.org/wiki/File:%C3%89coduc_lombriduc_2006_2007_Lille.jpg?uselang=fr

Les milieux « frontières », riche en biodiversité

Haies, lisières de forêts, bords de mer sont des milieux riches en biodiversité. Ils abritent en effet des espèces propres à chaque milieu adjacent (forêt et prairie dans le cas d’une haie par exemple), mais également des espèces spécifiques …

La chouette hulotte (à droite) est nettement plus grande que la chouette chevêche (à gauche). Crédits photos : (gauche, recadrée) : Chrumps – https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Strix_aluco_aluco.jpg?uselang=fr ; (droite) : Raoul Feignouxhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Chouette_chev%C3%AAche_4_copie.jpg

Un bocage constitué de haies « serrées » conviendra à la chouette hulotte, espèce plutôt forestière. La chouette chevêche appréciera des haies ouvertes sur de grandes parcelles … quand la chouette hulotte désertera ces espaces trop ouverts. Ces espaces-tampons jouent un rôle majeur dans le maintien de la biodiversité tant par leur richesse écologique intrinsèque que par leur rôle de corridor environnemental.

Écoquartier de Guérande, un exemple urbain

Vue de la trame verte et bleue de l'écoquartier de Guérande en Loire-Atlantique, département 44
Les espaces verts de l’écoquartier sont liés aux champs et haies existants (en haut) et aux espaces verts existants (en bas) pour assurer une continuité écologique en milieu urbain

Les corridors écologiques peuvent être créés ou reconstitués en milieu urbanisé. À Guérande, l’écoquartier de la Maison Neuve intègre des corridors écologiques, connectés à la campagne environnante. De larges espaces verts ont été ouverts dans ce nouveau quartier, intégrant prairies et haies champêtres. Les bassins d’orage, linéaires, ont été raccordés aux ruisseaux et points d’eau existants pour former une trame bleue cohérente.

Vue de bassins d'orage, linéaires, remplis de végétation (roseaux, genêts ...). Commune de Guérande. Loire-Atlantique, département 44
Les bassins d’orage sont linéaires, ils courent à travers l’écoquartier. Ils constituent des habitats et zones de passage pour les amphibiens.

La trame verte et bleue s’impose comme un élément clefs de la reconquête de la biodiversité. Les aménagements et plantations que l’on peut faire chez soi (jardin ou balcon) permettent à chacun de contribuer à son échelle au retour de la biodiversité, y compris en zone urbaine … et de profiter du chant des grenouilles dans son quartier ou de la visite à la nuit tombante d’un hérisson !

Dessin humoristique de deux hérissons au bord d'une autoroute : l'un dans une position de sprinter prêt à traverser, l'autre dit "je ne le sens pas trop ton truc, je vais plutôt passer par un corridor écologique"
Routes et autoroutes constituent des obstacles, à la circulation de nombreuses espèces.