En 2014, la loi Labbé a constitué une rupture dans la gestion des espaces verts en interdisant l’usage des pesticides à l’État, aux communes et aux établissements publics. Plus récemment, la loi s’étend aux paysagistes pour lesquels il devient interdit d’utiliser ces produits chimiques, hors rares exceptions (terrains de sport professionnels par exemple). Cette interdiction marque profondément le métier de paysagiste : les « mauvaises herbes » (on préférera le terme « d’herbes sauvages » !) se gèrent désormais avec d’autres techniques que la pulvérisation d’herbicide … Si cela est éminemment positif, le paysagiste peut aller plus loin pour favoriser la biodiversité. À travers des exemples en Loire-Atlantique, petit tour d’horizon des pratiques d’un paysagiste écologique !
Les communes, en avance sur les entreprises
Les communes sont généralement plus en avance sur la gestion écologique des espaces verts. Certaines avaient devancé l’interdiction des pesticides de longues dates, en lançant des plans de gestion différenciée. Ces plans consistent à cartographier les espaces à entretenir pour savoir quels types d’interventions vont être réalisés. Ainsi les massifs « d’apparat » devant la mairie ne seront pas traités de la même manière que le bord de l’étang communal, qui supportera mieux un aspect un peu sauvage !
Cette cartographie permet de limiter le temps de travail sur certaines zones (par exemple en ne fauchant qu’une fois l’an) pour concentrer les interventions sur d’autres zones (les massifs devant la mairie !). Ces plans de gestion se sont imposés aux mairies : elles n’avaient d’autre choix que de mieux gérer le temps de travail des agents, qui passent plus de temps à désherber du fait de l’abandon des traitements chimiques. Conséquence de ces plans de gestion : des espaces auparavant très entretenus le sont moins, favorisant la biodiversité, nous y reviendrons.
Les entreprises en revanche, même lorsqu’elles disposent d’importantes surfaces à entretenir (espaces verts, réserve foncière …) ne se sont que peu emparées de ces questions de gestion différenciée. S’agit-il d’un défaut de conseil des paysagistes, préférant proposer des solutions connues (tontes systématiques par exemple) ?
Couvre-sol, fauche tardive, prairies fleuries …
Le paysagiste écologique dispose de nombreuses solutions pour introduire de la biodiversité et pour maîtriser les coûts d’entretien, y compris sur les espaces verts des entreprises. Les plantes couvre-sol se démocratisent. Leurs avantages sont nombreux : ils limitent les désherbages, ils protègent la terre du ruissellement et des fortes chaleurs, ils enrichissent les sols lorsque les feuilles se décomposent … et sont plus esthétiques qu’une terre nue ! Dans le même esprit, le paysagiste écologique s’attachera à enrichir naturellement le sol : les tontes de gazon, par exemple, seront laissées sur place, évitant autant de transport inutile vers la déchetterie locale !
La fauche tardive, ou fauche raisonnée, constitue également un formidable moyen pour favoriser la biodiversité : elle permet aux insectes de faire leur cycle complet (pontes, larves, développement). Les prairies fleuries constituent aussi d’excellentes niches écologiques, du printemps à l’automne. Elles ne sont fauchées qu’une fois l’an mais doivent être renouvelées au bout de quelques années car elles vont naturellement évoluées vers des prairies « herbeuses » avec moins de fleurs. Les insectes et autres araignées présents dans ces milieux serviront de nourriture à tout un tas d’insectivores : musaraigne, hérisson, chauve-souris, oiseau … Une simple prairie contribue ainsi à restaurer toute une chaîne alimentaire !
La gestion de l’eau
En Loire-Atlantique comme ailleurs, le paysagiste écologique s’attachera à traiter les points d’eau de manière à marier esthétique et préservation de la biodiversité. Les bassins d’orage et bassins filtrants peuvent ainsi contribuer à l’esthétisme paysager. Si la fonction première des bassins d’orage est d’épurer l’eau grâce aux plantes (on parle de phytorémédiation), les aménagements de ces pièces d’eau peuvent participer à la biodiversité. Sur les berges et dans le bassin seront installées des plantes variées (ou sélectionnées au fur et à mesure de leur installation naturelle). Cette variété de plantes contribue autant à l’aspect paysager (fleurs à différents moments, de différentes couleurs, diversité paysagère …) qu’à la biodiversité, en fournissant gîte et nourriture à quantité d’espèces animales. Des floraisons étalées dans le temps offrent la nourriture aux abeilles du printemps à l’automne. De même, l’installation de roches, de murets en pierre sèches favorisent la présence de nombre d’espèces : abeilles solitaires, araignées, lézards, grenouilles et salamandres, hérissons … Sur ces bassins de rétention, il est intéressant de laisser des zones de friches, avec des arbres morts qui constituent, là encore, des réserves à biodiversité. Ces zones sont appelées « îlots de vieillissement ».
À leur échelle, les particuliers peuvent aussi favoriser la biodiversité, s’ils disposent d’un jardin. Les recettes sont les mêmes que pour les grandes surfaces : laisser des zones plus sauvages, tondues qu’une seule fois par an, ne pas laisser les sols nus (plantes couvre-sol, copeaux, feuilles …). Si vous souhaitez être accompagnés dans vos projets, certains paysagistes écologiques, en Loire-Atlantique, proposent des aménagements adaptés aux petites surfaces. Et si vous désirez aller plus loin, vous pouvez aussi installer des nichoirs et autres refuges à hérisson !